Près de la croix de Jésus, se tenait sa mère (Jean 19,25)
Le martyre de Marie, et quel martyre ! Je résume ce mystère ainsi : jusqu'au bout de l'amour, autant pour Jésus que pour la Vierge Marie.
Elle était là, silencieuse, toute tendue, de tout son être, corps et âme, dans un « fiat » douloureux, dans un total acquiescement rejoignant dans l'amour le plus donné et le plus donnant celui de Jésus. Quelle communion dans leurs regards quand ils se rencontraient, et bien plus encore dans la rencontre intérieure de leurs cœurs ! Une même offrande unissait le Serviteur et la Servante, totalement livrés au service rédempteur dans son ultime sacrifice et le vivant ensemble. Marie avait été l'accompagnante fidèle et active de Jésus, porteuse avec lui du salut. Elle en vivait en ce moment l'achèvement, dans un martyre intérieur de compassion inimaginable en proportion de la profondeur et de la tendresse de son cœur de mère, et de mère du Rédempteur. Elle vivait cela dans le silence de l'amour crucifié, témoignage suprême de l'amour.
Il n'y a pas Jésus sans Marie. A méditer comment elle, la pleine de grâce, est aussi la pleine de foi dans cette compassion, on pressent un peu sa place dans le salut avec Jésus. C'est elle qui nous apprend à entrer dans ce mystère d'amour dans lequel une gratuité adorable nous donne d'être impliqués. Elle avait accompli sa mission jusqu'au bout, mais une autre mission l'attendait, continuatrice de celle-là : sa maternité rédemptrice.
Du haut de la Croix, Jésus laisse tomber les pan sacrée dans ce titre : « Voici ta mère, voici ton fils immense vision de tendresse, nous étions tous en l'Apôtre préféré pour la recevoir comme mère et devenir ses enfants. Dernier geste d'amour et de miséricorde de la part de Jésus avant que ne soit signé l'ensemble du testament : en Marie, il nous donne une mère admirable et toute secourable.
On aime penser qu'en son cœur, elle a redit comme à l'Annonciation : « Voici ta servante. » Et depuis cette heure là, elle est devenue notre mère et nous, ses enfants. Elle est mère dans toute la force du terme (tota mater), et on se prend à égrener tous les vocables possibles, les qualificatifs les plus beaux. Avec nos pauvres mots humains, ils voudraient dire ce que notre cœur d'enfant pressent d'une telle mère, que ce n'est que balbutiement, comme le tout-petit pour sa maman. Toute à toi (tota tua), comme dit le Saint Père avec un cœur admiratif et confiant, celui d'un enfant pour sa mère à qui on dit tout et de qui on attend tout, et d'abord cette vie de communion avec Jésus, un peu à son exemple.
Comme Marie, je sais que ma vie consacrée est assumée en moi par Jésus et intégrée par lui dans son œuvre de Rédemption universelle. Et ce m'est une joie et un stimulant de penser que toute ma vie, dans sa quotidienneté, est prise, sanctifiée et utilisée par Jésus pour la Rédemption du monde.